Ces derniers temps j’ai plutôt déserté ce blog… mais pour une bonne raison ! Le 15 juin 2022, j’ai ouvert une boutique d’artisanat local et un espace d’ateliers créatifs pour adultes et enfants à Dax, dans les Landes. Et ça, c’est un projet qui dure depuis de nombreuses années… Je vous raconte un peu tout ça, de la genèse à l’ouverture, des victoires aux désillusions, de ce blog à la vie d’entreprenariat.
L’envie et les convictions
J’ai ouvert Après la flemme il y a 7 ans (déjà!). Avant ça, il y a eu pendant plusieurs années un blog créatif du nom de L*M création et une boutique de bijoux et accessoires faits main. Et autour de tout ça, il y avait ma vie professionnelle dans la communication, parsemée d’expériences et de rencontres dans le secteur culturel et évènementiel.
Cette envie est certainement née de tout ça, d’une vie consacrée au fait-main et à la créativité. Mais quand cette idée a germé, j’étais loin de me sentir capable de me lancer. Et puis les années ont passé, et je me suis de moins en moins reconnue dans cette vie virtuelle : les heures derrière un écran, la folie des réseaux sociaux, les partenariats trop cadrés, l’influence… Tout me paraissait faux. J’avais besoin de créer un espace « pour de vrai ». J’avais besoin de rencontrer de vrais gens. J’avais besoin de réseaux plus humains que virtuels.
Et puis il y a autre chose qui a germé dans ma tête ces dernières années : l’urgence de changer notre modèle de société. La nécessité de relocaliser, de réduire, de donner plus de valeur à nos actes et achats, de laisser la nature et la vie sauvage tranquilles. Le besoin de quitter le capitalisme… le tout bercé d’une bonne dose d’éco-anxiété. Je voulais aller plus loin dans ma démarche que de « petits gestes ». Je voulais aller dans ce que j’estime être le bon sens. Je voulais soutenir une économie plus raisonnée et responsable, et pas seulement par mes achats.
Les débuts du projet
J’ai travaillé pendant 3 ans pour mettre en place mon entreprise. Un travail d’interim pour récolter l’argent nécessaire, un travail d’apprentissage pour pouvoir gérer une entreprise, et un travail sur moi pour avoir le courage et l’énergie de me lancer (toujours en cours…). Je voulais ouvrir un café créatif dans l’esprit des céramicafés, au printemps 2020. Ce moment où le monde s’est à moitié écroulé.
J’ai mis tout ça en pause forcée. J’ai en profité pour retaper entièrement une maison en auto-rénovation (mais ça, c’est une autre histoire 😉 ). Et puis la petite pause s’est transformée en année. Puis en deux. J’ai vite compris que la situation des cafetiers était catastrophique, et que mon projet initial n’était plus viable.
J’ai souvent voulu laisser tomber. Mais tout ça avait germé trop grand dans mon esprit pour que j’arrive à lâcher prise. Après deux ans de flottement sans que cette idée ne sorte de ma tête un seul jour, j’ai su que je devais passer par là pour avancer. Que je sois en train de me précipiter dans un échec ou une réussite.
J’ai alors entendu parler d’une boutique de créateurs qui cherchait une personne pour reprendre l’activité. C’était l’occasion de commencer quelque chose, un premier pas.
C’était parti pour une boutique d’artisanat local en dépôt-vente et un espace d’ateliers créatifs adultes et enfants.
ECADUA, artisanat local et ateliers créatifs
Les semaines avant la signature du local, j’ai commencé à rencontrer les personnes que j’allais faire travailler. De ces rencontres j’ai trouvé le nom : ECADUA, l’envers du mot « audace ». C’était le nom parfait pour représenter ces gens qui quittent un boulot « stable » pour vivre de leur passion. Pour représenter toutes celles et ceux qui défendent le fait-main dans un monde industrialisé, la création éco-responsable dans une société d’hyper-productivité.
J’ai signé le local le 31 mai. S’en sont suivies deux semaines intenses de travaux d’aménagement et de démarches administratives. La boutique a ouvert un mercredi caniculaire et le premier atelier a suivi début juillet. Petit à petit, j’ai pris conscience de l’importance d’allier artisanat et ateliers : fabriquer de ses mains, c’est se rendre compte du travail qu’il y a derrière chaque objet. C’est aussi y accorder plus de valeur et d’affection. J’ai également pris la mesure de l’écart qu’il y a entre acheteurs et créateurs et de l’éducation constante qu’il fallait faire sur le fait-main : les petites quantités, les prix justes, les ruptures de stock, les créations imparfaites…
Cela fait maintenant un peu plus de deux mois que j’ai ouvert. Il y a de grands hauts et beaucoup de bas. Il y a les premiers clients spontanés et les journées seules. Il y a les semaines noyées dans l’administratif et les galères. Il y a des joies, des victoires, des larmes et beaucoup de fatigue. Il y a les yeux rivés sur les chiffres et le calendrier. Il y a la peur qui réveille la nuit et la vague de conseils non sollicités. Il y a les convertis au fait-main et ceux qui prévoient leur prochaines visites. Il y a les premiers ateliers complets et la fierté dans les yeux et les sourires.
Je passe toujours la plupart de mes journées derrière un écran. Je suis toujours victime des caprices des algorithmes. Je lutte toujours pour que les petits gestes deviennent grands. Mais c’est un début et ça va dans le bon sens. Et quoi qu’il arrive, j’aurais essayé.
Si vous voulez en savoir plus sur ECADUA, vous pouvez retrouver les infos et la programmation des ateliers sur le site www.ecadua.fr ou suivre ECADUA sur Facebook ou Instagram