Quand nous avons annoncé que nous allions nous marier on nous a dit que, pourtant, ce n’était pas notre genre. Je ne sais pas vraiment ce que cela signifie être « du genre à se marier »… C’est vrai que je n’ai jamais rêvé de robe blanche. Ni de pièce montée. Ni de changer de nom. Ni de remonter l’allée sur fond de marche nuptiale. Je n’ai jamais même trop compris les histoires de robe de princesse et de prince charmant. Les histoires d’échange de bagues, de preuve visible et d’appartenance. Les histoires de stéréotypes de genres : elle organisera le mariage de ses rêves et il lui donnera son nom, c’est dans la tradition.
Mais voilà, il y a des évidences sans logique que nous avons toujours accepté sans chercher à les comprendre : cette façon de savoir, juste en se regardant et sans aucune discussion préalable, que l’on allait se dire : « Et sinon on se marie? ». Sans logique, sans concertation, sans mise en scène, sans bague… Juste l’évidence et l’envie de vivre une nouvelle belle aventure ensemble. Pourquoi, c’est pas juste cela un mariage?
Il y a l’évidence à deux… et puis il y a les autres, et le besoin de comprendre. Ce n’est pas une légende, pour un mariage tout le monde donne son avis, et ce n’est pas toujours facile à gérer…
« Ce sera quand même le plus beau jour de ta vie » – Sans rire… En réalité si c’était vrai, ce serait quand même franchement déprimant!
« Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez, c’est un mariage » – En réalité il a très peu d’obligations pour se marier légalement (à partir du moment où on est au moins 4, où personne n’est à poil, et où l’on signe… tout devrait bien se passer) !
« Tu es obligée de changer de nom, au moins prendre les deux, sinon ça n’a pas de sens » – En réalité on a décidé de changer tous les deux pour prendre un nouveau nom… (cela aurait été tellement cool!)
« Le plus important c’est que les gens soient contents » – En réalité la plupart des gens sont contents de voir des mariés heureux (de toute façon ils ne feront pas qu’un mariage, alors que le sien, on ne le fait souvent qu’une fois).
« Tu ne vas pas profiter vraiment de ton mariage, il y a tellement de choses à faire et ça passe trop vite » – …
En réalité il suffit de choisir de vivre le moment présent et de laisser tout le reste s’effacer.
En réalité il n’y a jamais d’autres limites que celles que l’on choisit de s’imposer.
Nous avons choisi de passer par dessus les conventions. De faire un mariage à notre image, ni original, ni convenu. De troquer les bagues contre des tatouages. De ne pas être tristes parce qu’il pleut. De faire un repas tapas-grillades interminable et un apéritif encore plus long. De ne pas dire « Oui, je le veux ». De se marier le matin pour pouvoir en profiter 24h (à une ou deux heures près). D’arriver à moto, sous la pluie, après des heures de coiffage. De faire une pièce montée, oui, mais de fromages. De tout faire au dernier moment, parce que cela nous ressemble tellement. De mettre la main à la pâte : les spatules sur les planchas et les doigts dans le fromage. De jouer, jouer, jouer et monter sur scène, malgré l’émotion, la fatigue et les morceaux foirés. De se garder une petite part de découvertes et une grosse part d’imprévus. De ne pas tout organiser et de laisser la famille, les copains et le hasard (bien) faire les choses.
Ce mariage c’était ces quelques mots sur notre faire-part, que nous avons espéré faire comprendre à nos invités. Et nous avons réussi, en les embarquant, eux aussi, avec nous dans cette petite aventure.
Ce mariage c’était aussi de belles rencontres. Celle de Thomas, notre photographe, qui a su nous écouter, nous rassurer, nous conseiller… et créer des photos comme cette journée : vraies, sincères, spontanées, parfaitement imparfaites. Et puis celle de notre tatoueur, Sylvain qui, de ses aiguilles, a gravé cette alliance sur nos bras.
Ce mariage c’était ces tatouages, qui nous lient jusqu’à la mort et au delà, bien mieux qu’un bout de papier. Une mariée, un marié : nos deux petits cranes de sucre, nos deux petits squelettes qui se marient pour toujours. Et surtout, ce moment parfait avec nos témoins, le calme du salon et la douceur absolue de Sylvain. Une bulle de bonheur pour commencer cette journée.
Un mariage ce n’est pas pour nous une suite de conventions et de concessions à faire, mais une série de souvenirs parfaits à ajouter à notre collection.
Quelques accords et quelques notes… Quelques paroles de Noir Désir et le goût des essais mojitos. Les accords de Thunderstruck pour un coucher trop tard, et les cloches de Hells Bells pour un réveil beaucoup trop tôt. Quelques notes de Malaguena, quelques arpèges de Ben Harper, et les larmes qui s’échappent à nouveau.
Mes talons dans les flaques, des bières sur un comptoir et l’horloge à l’envers qui nous rapprochait du « OUI ». Le ronflement de la Harley et ma jupe volant sous les gouttes. Des épines de cactus et du posca plein les mains. Des gamins qui courent, des planches chargées de viande qui se passent de main en main, et des assiettes excessives de fromages. Des battles de danses improbables. Des fous rires, des verres cassés, de la musique et du bruit…
Jusqu’à la fatigue absolue, quand on sait qu’on est encore loin de la fin… Et ce moment que choisit Thomas pour nous relire nos mots : « Quand nous n’en pourront plus, nous continuerons encore ».
Nous avons continué, encore et encore. Jusqu’à jouer n’importe quoi, jusqu’à manger n’importe quoi. Jusqu’à oublier les paroles et les accords. Jusqu’à plus faim, et surtout plus soif. Jusqu’à s’aimer sous les étoiles, et ne plus les voir.
C’était tellement imparfait, tellement imprévu, tellement vrai que c’était nous.
Il n’y a ni morale, ni point final à tous ces mots. Je vous souhaite juste de vivre ce genre de moments avec toute la simplicité et la sincérité qu’ils méritent. Je vous souhaite de devenir « du genre à se marier ».
Le bonheur fait plaisir à voir quand il est naturel…
Les photos sont superbes
Merci pour le photographe! Ce n’était pas gagné, nous sommes vraiment TRÈS mal à l’aise devant un objectif! Il a su nous rassurer et faire de magnifiques photos volées.
Félicitations ! J’adore votre vision de la vie et j’aurai bien aimé faire partie de la fête
Le mariage le plus sympa auquel j’ai participé ressemblait au vôtre. De l’improvisation, des copains qui jouent de la musique, chante, danse et surtout pas de pression. Aucune obligation à entrer dans un moule, à répondre à des conventions, à faire les choses parce que quelqu’un a décrété que c’est comme cela que cela se fait. Je suis plutôt banale mais je ne supporte pas les injonctions.
Cela demande du courage de rester soi-même et de ne pas céder à tout ce bourrage de crâne. Donc bravo à vous.
Les photos sont magnifiques et respirent le bonheur.
Merci beaucoup!! C’était exactement ce que l’on attendait de cette journée : pouvoir être nous-même! Ce n’est peut-être pas évident dans l’article, mais cela n’a pas été vraiment facile tous les jours… Dans ces moments il faut s’accrocher aux personnes positives, qui nous connaissent bien et qui sont là pour nous aider (et surtout dédramatiser)!